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Partager l’usage des objets et produire moins de déchets
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Le 10 novembre 2011,

Partager sa voiture, sa perceuse, ses vêtements, ses petits plats, son bureau ou son canapé : les sites internet communautaires [1] apparus ces dernières années pour favoriser les échanges entre particuliers connaissent un succès grandissant. Les pratiques en elles-mêmes ne sont pas nouvelles, mais alors qu’elles étaient habituellement cantonnées à l’entourage, elles sont désormais applicables à plus grande échelle puisque les outils technologiques permettent d’entrer en contact avec des inconnus.

Un changement du rapport à l’objet

Ces nouveaux services de partage mettent en œuvre le principe d’économie de fonctionnalité, qui consiste à proposer la vente d’un service (l’usage d’un bien) plutôt que la vente du bien matériel lui-même. Chez les professionnels, les services liés à l’économie de fonctionnalité existent depuis plusieurs années et sont même pour certains objets devenus courants : les photocopieurs sont désormais le plus souvent loués par les entreprises utilisatrices à des entreprises prestataires d’un service complet comprenant également la maintenance de la machine.
La diffusion de ces pratiques chez les particuliers découle d’une évolution sensible des modes de consommation qui met en avant l’usage par rapport à la possession des objets et révèle un changement du rapport des individus aux objets. Jeremy Rifkin avait perçu cette évolution il y a déjà plus de dix ans en annonçant l’entrée de nos sociétés dans un « âge de l’accès  », dans lequel « la conception de la liberté personnelle [des individus du XXIe siècle] ne sera plus fondée sur leurs droits de propriété et leur capacité d’en exclure leurs semblables, mais plutôt sur le droit d’être intégré à des réseaux de relations réciproques » [2].

Optimiser l’utilisation, pour économiser les ressources

Le temps moyen d’utilisation d’une perceuse étant de douze minutes sur toute sa durée de vie, n’est-il pas logique, plutôt que de s’équiper individuellement, de rendre ces appareils accessibles à plusieurs utilisateurs ?
Dès lors que l’on peut emprunter ou louer les biens d’une autre personne, il n’est plus nécessaire de les posséder soi-même. L’optimisation de l’utilisation des objets permet de satisfaire les besoins du même nombre d’utilisateurs, mais en réduisant le nombre d’objets en circulation.
On réduit ainsi la pression sur les ressources naturelles nécessaires pour produire ces objets ainsi que la quantité de déchets produits, en amont au cours du processus de production, et en aval à la fin de vie des produits. L’impact potentiel est loin d’être négligeable, par exemple dans le cas des appareils électroménagers, de bricolage ou de jardin, dont l’usage est occasionnel et qui pour l’instant viennent grossir le flux croissant des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques).

Vers une demande de produits plus durables

Les professionnels et entreprises qui fondent leur modèle économique sur la fourniture d’un service plutôt que d’un objet (par exemple les entreprises proposant des services de location) ont d’ores et déjà bien compris qu’il était de leur intérêt d’optimiser l’utilisation, de maximiser la durée de vie du matériel qu’elles proposent et d’éco-concevoir leurs produits.
L’ingéniosité qu’elles peuvent alors déployer (en réussissant comme la société Xérox par exemple à construire de nouvelles photocopieuses constituées à 90 % d’éléments recyclés issus du matériel en fin de vie) égale largement celle que d’autres mettent dans la conception de stratégies d’obsolescence programmée.
De la même manière, si les pratiques de partage se répandent chez les particuliers, la demande des consommateurs pourrait s’orienter vers des produits solides, durables et plus facilement réparables. Amenés à travailler sur la fiabilité et l’allongement de la durée de vie de leurs produits, certains producteurs de biens sont en train de renverser complètement leur modèle économique en abandonnant la production de masse fondée sur le renouvellement toujours plus rapide des produits, au profit de la fourniture de services.

Les principes de l’économie de fonctionnalité favorisent une conception des produits aux antipodes des stratégies d’obsolescence programmée. Les bénéfices environnementaux de son développement demeurent cependant potentiels car si ces nouvelles pratiques rendent possibles ou facilitent l’économie de ressources et la réduction des déchets, elles ne garantissent pas que les prestataires et utilisateurs adoptent une démarche écologique volontariste.

Contact :

Flore Berlingen


[2Jeremy Rifkin, l’âge de l’accès, La Découverte, 2000. Chapitre 1, p.21

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